Un trait psychologique caractéristique des individus est leur propension à afficher une confiance exagérée dans leurs capacités. Ce biais d’excès de confiance se matérialise aussi bien dans les jugements relatifs (penser être un meilleur conducteur que la moyenne des automobilistes) que les jugements absolus (surestimer sa capacité à prédire des évènements futurs). Interprété par les psychologues comme un biais fondamental pour la survie et la reproduction des individus, l’excès de confiance peut néanmoins avoir des conséquences négatives dans différents domaines de la vie, notamment l’investissement. Sur les marchés, il est généralement associé à un excès de rotation et à une sous-diversification des portefeuilles, entraînant des performances ajustées du risque qui sont loin d’être optimisées. Deux mécanismes psychologiques ont été repérés comme contribuant à maintenir et renforcer l’excès de confiance en soi.
Le biais d’auto-complaisance
Le biais d’auto-complaisance fait porter rétrospectivement à son crédit les succès passés mais attribuer à des évènements externes les échecs passés. Ce que Langer et Roth (1975) résument par : « Pile JE gagne, face c’est de la malchance ». Aussi les plus-values sont-elles assimilées par l’investisseur comme des preuves de son savoir-faire alors qu’il s’explique ses moins-values par la part aléatoire des processus boursiers. Dorn et Huberman (2003) ont d’ailleurs remarqué dans les réponses à des questionnaires que les investisseurs les plus actifs (et donc présumés les plus en excès de confiance) ont généralement le sentiment que les pertes sur leurs placements ont souvent résulté de circonstances imprévisibles tandis que leurs gains doivent être attribués avant tout à leurs compétences propres et à leur « instinct ». Un tel mécanisme suggère que les marchés haussiers ont pour résultat d’amplifier l’excès de confiance naturel des investisseurs, ce qui a été confirmé par différents travaux empiriques.
La mémoire enjolivée
Un autre mécanisme qui entretient l’excès de confiance est la tendance à surestimer ses performances passées. Goetzmann et Peles (1997) ont demandé à deux groupes d’investisseurs dans des fonds de donner d’une part la performance absolue du fonds dans lequel ils étaient investis et d’autre part sa performance relativement à celle du marché. Le premier groupe était constitué exclusivement d’architectes, le second de membres de l’AAII (l’Association Américaine des Investisseurs Individuels). Le second groupe était ainsi composé d’investisseurs avec un niveau d’information sur les marchés et un niveau d’expérience des marchés supérieurs à celui du premier groupe. Malgré leurs différences, les deux groupes ont surestimé leurs performances absolues et relatives (par rapport à l’indice S&P 500) avec toutefois une nuance. Les non-initiés font preuve d’une perception enjolivée à la fois pour leurs placements et pour l’ensemble du marché alors que les initiés exagèrent leurs performances mais minorent celles du marché. Ces comportements sont identiques au niveau de compétence près. Les architectes gonflent les performances du marché, sans doute pour pouvoir se féliciter d’avoir investi sur le marché actions tandis que les membres de l’AAII, familiers de ce marché, rabaissent la performance de leur benchmark afin, probablement, de s’enorgueillir de le surperformer.